Premier groupe de critères : les critères hiérarchiques
Dans toute relation, à tout moment de celle-ci, chaque personne se considère, "ici et maintenant", comme étant dans l'une des trois positions de base par rapport à l'autre: dominante, égalitaire ou dominée.
Il ne s'agit ici nullement (et cela sera valable pour tous les critères) de considérer une quelconque position permanente et générale de l'un vis-à-vis de l'autre, mais de la situation vécue subjectivement par les partenaires dans une situation donnée précise.
Donnons un exemple : Pierre passe la soirée avec Jean. Pour commencer, Pierre qui est un grand joueur d'échecs apprend à Jean quelques coups joués par les champions : il se sent en position de dominant (Pierre > Jean). Puis, il vont jouer au tennis, et comme Pierre est un bien piètre joueur, il se sent en position de dominé (Pierre < Jean). Ils terminent leur après-midi en allant siroter une bonne bière dans leur brasserie favorite (Pierre = Jean). Les trois positions ont été vécues par Pierre en l'espace de quelques heures, et, probablement par Jean aussi.
Il n'en reste pas moins que chacun d'entre nous a plutôt tendance à préférer une position parmi les trois définies ci-dessus. Dressons les portraits-types des DOMINANTS, des EGALITAIRES et des DOMINES.
DOMINANT
EGALITAIRE
DOMINE
Globalement, ce type aime les situations dans lesquelles il est en " position de force ".
Il peut se sentir habituellement supérieur aux personnes qu'il rencontre, mais, plus vraisemblablement, il aime jouer à des jeux où il se sait gagnant.
Il n'aime pas perdre ; on dit de lui souvent qu'il est " un mauvais perdant ". Il lui arrive dès la première rencontre avec une nouvelle personne de se dire : " Je vaux mieux qu'elle ", simplement en regardant autour de lui, dans un restaurant ou dans le train par exemple.
S'il est intellectuel, il aura le souci d'atteindre la perfection dans son art ou son domaine d'action, pour montrer aux autres qu'il les domine. Il peut devenir " idéologue ", il aimera qu'on pense comme lui et ne supportera guère la contradiction. Dans des contextes de paix, il jouera aux boules ou à la belote parce qu'il est presque sûr de gagner, il prendra souvent la parole en public pour le plaisir d'être écouté et de briller.
Dans des contextes de guerre, il pratiquera souvent la stratégie de " guerre à outrance " ; il se bat pour gagner, voire même pour tuer. Il n'est pas nécessaire d'être toujours dominant pour réussir nos changements, mais il faut savoir se mettre facilement en position dominante chaque fois que nous l'estimons nécessaire.
Globalement, ce type préfère les situations où il se sent l'égal des autres.
Ce peut être un humaniste ou un moraliste emprunt de valeurs d'égalité. "Nous sommes tous égaux" se disant volontiers démocrate, ami de tous les peuples et de toutes les races.
Mais ce peut être plus simplement quelqu'un d'accueillant, d'aimable et de sociable qui aime les réunions entre amis ou en famille, les jeux où l'on joue plus pour le plaisir de jouer que celui de gagner.
En entreprise, le type égalitaire participera volontiers à des travaux d'équipe, il préférera souvent le travail à plusieurs que le travail en solitaire.
Dans les relations quotidiennes, il évitera à la fois de dominer autrui et d'être dominé. Toutefois, il pourra supporter les conflits : à une agression, il pourra répondre par une agression semblable, de même force ou de même nature. Ce sera "l'égalité dans la guerre".
Il aimera les soirées en amoureux, au coin du feu ou dans un club d'amis...Il s'adaptera facilement à un nouvel environnement humain, à condition de s'y sentir l'égal des autres.
Nous sommes tous en position égalitaire dans un pourcentage important de nos relations, avec nos amis, nos femmes, et les personnes que nous rencontrons au hasard de la vie. Notre culture est basée sur le culte de l'égalité, et nous avons vu que ce culte n'est pas dénué d'utopie. Nous avons beau privilégier, sur le plan abstrait, les relations égalitaires, nous sommes souvent avec autrui dans des positions dominantes ou dominées, positions que Palo Alto appelle complémentaires.
Rien n'empêche de chercher nos changements et les résolutions de nos problèmes dans des relations de type égalitaire ; toutefois, si nous voyons que nous nous sommes trompés de chemin, il ne faudra pas hésiter à quitter ces sentiers paisibles pour des relations plus difficiles.
Globalement, ce type ne se sent bien que dans l'obéissance ; il ressent le besoin d'être protégé, de suivre un leader.
Ce peut être un excellent numéro 2, jamais un numéro 1. Ce type peut justifier de façon générale ses comportements par des propos de modestie à son propre égard : " je ne suis pas doué pour... " assortis d'une certaine admiration pour les autres.
Très agréable en tant que collaborateur parfait, c'est-à-dire parfaitement obéissant, il n'est pourvu que d'un minimum d'autonomie.
Dans la vie de tous les jours, il arrive qu'on lui dise ce qu'il doit faire et il le fait de son mieux pour faire plaisir à l'autre et pour être tranquille. Ce type est assez courant chez les débutants dans une école ou une profession, ou chez des jeunes face à leurs aînés. (Quoique !). Paradoxalement on le trouve chez de bons managers, qui savent s'entourer de collaborateurs meilleurs qu'eux sur tous les plans techniques de leur profession : ils savent commander, en synthétisant, en distribuant le travail.
A la maison ce sont des femmes ou des maris que l'on dit " soumis ", à l'autorité de leurs conjoints ; ils seront " Papa gâteau " incapables de sévir. Ils sont adeptes de l'éducation libérale plus par faiblesse que par conviction.
Pour résoudre le moindre problème de notre vie relationnelle, il est nécessaire d'apprendre à ne plus se sentir dominé, et à devenir, soit égalitaire, soit, mieux encore, dominant.