Huitième groupe de critères : Stratégique ou Rigide
Dans la méthode Relatio c'est le critère le plus important. Plus qu'un critère d'ailleurs, le trait Stratégique est vu comme l'objectif de la plupart des changements. La personne Rigide, au sens strict, est incapable de changer, alors que le Stratégique (à ne pas confondre avec l'hypocrite !) s'adapte partout et toujours.
C'est l'élève idéal qui réussit tous les changements qu'il a programmés.
STRATEGIQUE
RIGIDE

Le type stratégique n'agit pratiquement jamais sous impulsion : il n'est pas spontané.
Il semble sans cesse se poser des questions du genre :
" Que dois-je faire pour atteindre tel objectif ? "
Il sait jouer avec le temps ; il aime gagner les guerres et se moque si, pour cela, il faut d'abord perdre des batailles. Il gagne toujours quand son adversaire est un impulsif.
Le stratégique, en famille, manque de sentiment, mais il sait ne pas se mettre en colère quand son intérêt est en jeu, il sait faire un compliment pour obtenir une faveur, et certains n'hésitent pas à le taxer d'hypocrite. Mais ce n'est pas le cas : l'hypocrite cache ses sentiments, alors que le stratégique en a peu. Il joue bien sûr aux jeux de stratégie tels que les échecs ou le jeu de go, à moins que son jeu favori ne soit de jouer avec les gens.
Dans une entreprise, il gagnera souvent et franchira facilement les échelons, car il avancera masqué ; on lui donnera d'autant plus facilement de l'avancement qu'il saura ne rien demander. Il peut aussi, surtout s'il est en situation de guerre, déclencher de véritables catastrophes.
Ce peut être un démolisseur d'entreprise. Sa force vient essentiellement de sa capacité à tout analyser en termes d'actions concrètes et non pas en termes de valeurs abstraites, et de se moquer éperdument de ce qu'on pense de lui : l'important est d'atteindre ses objectifs, quels qu'ils soient.
Nous l'avons déjà dit : c'est le critère roi.
Le pratiquant de la CD averti deviendra inévitablement stratégique. Si le but principal de la CD est de nous apprendre à conduire au succès nos désirs de changement, alors, en amont, elle doit nous apprendre à devenir stratégique, chaque fois que cela sera nécessaire dans nos relations avec autrui.
Etre stratégique n'est pas seulement pour la CD une expression commode, cela possède un sens précis. Dans une séquence de communication avec B, si mon esprit est centré sur l'effet produit en moi par les paroles et comportements de B, je ne suis pas du tout stratégique ; si mon esprit est centré sur B lui-même, et que mon comportement est déterminé par l'objectif que je me suis fixé dans notre relation, alors je suis stratégique.
Le stratégique ne réagit pas en fonction de ce qu'il ressent, mais en fonction des réactions qu'il pense obtenir chez l'autre. Dit autrement, on peut affirmer que, pour le stratégique, ce qu'il dit tend vers un objectif, alors que pour le non-stratégique, ce qu'il dit révèle son état d'esprit.
Le stratégique est tourné vers le but, le futur, le non-stratégique (que nous appelons dorénavant rigide) vers le passé. Le stratégique pense en termes de comment et de comment faire ; le rigide en termes de pourquoi.

Le type Rigide agit en fonction d'un code d'honneur, qu'il soit personnel ou partagé par son groupe d'appartenance.
Plus couramment, il agira de façon rigide selon les principes moraux judéo-chrétiens. Il pense en termes de " Bien " et de " Mal " (avec les majuscules), il tient beaucoup à ses principes. " Chez les Dupont, monsieur, on ne divorce pas ". Il se dit volontiers " pur " et " entier " ; en termes de communication. On le trouble facilement et parfois sans comprendre ce qui le fâche, faute de connaître son code. Il préfère souvent perdre une bataille plutôt que de " perdre son âme ". On le voit beaucoup chez les prêcheurs, les enseignants et tous ces gens pour qui il est important de rester honnête, malgré toutes les tentations.
En famille ce sont des maris fidèles (ou terriblement honteux de ne pouvoir l'être), des parents rigoureux sur l'éducation des enfants et l'heure à laquelle ils doivent rentrer (selon l'âge), des fils respectueux.
Dans une entreprise on peut compter sur eux : fidèles à leur patron et à leur société auxquels ils s'assimilent volontiers, ils seront mortifiés si on leur fait des infidélités. Ils aiment la transparence, la justice sociale au risque de paraître un peu " utopiques " ; on en trouve souvent chez les syndicalistes sincères.
Tout lecteur attentif ne manquera pas de remarquer que la personne que nous désignons sous le titre de rigide, est en fait une personne qui est tombée dans toutes les marmites d'erreurs : elle ne sait pas analyser concrètement les situations, elle généralise, elle se justifie et explique chacune de ses actions, et elle vit en fonction d'un code idéal.
Bref, le rigide, en faisant dépendre ses comportements de ses croyances, fixe en quelque sorte ceux-ci, et semble nous dire : " Je suis ainsi depuis toujours et ce n'est pas maintenant que ça va changer " ou encore : " Je suis ainsi et j'en suis fier ; de toutes façons, chassez le naturel, il revient au galop ".
Que dire à quelqu'un qui nous déclare aussi nettement son désir de ne pas changer, sinon que la CD n'est pas pour lui ? Qu'il s'engage dans un parti politique, dans une secte ou une religion, ou encore qu'il démarre une psychanalyse sans fin pour savoir par exemple pourquoi, il ne veut pas changer.
La CD, entre autres choses, est une méthode de changement ; il est donc naturel qu'elle ferme sa porte à ceux qui ne veulent pas changer, soit qu'ils se trouvent bien comme ils sont, soit qu'ils se trouvent irrécupérables.